20.09.2020

“Prêtres tibétains”

 

Jonathan Basile·BLM @jonothingEB

It is cathartic, purifying to recognize that every possible permutation of takes on the present has been expressed already on this website

A passage from J.-L. Borges' "The Theologians":

 



“Prêtres tibétains”

 

La raison d'être et la préoccupation quotidienne en guise de prière et de méditation d'un groupe de prêtres tibétains, selon leur croyance millénaire, c'est de compter en forme d'incantation [zikr] les neuf milliards noms de Dieu, et ça depuis des siècles, à la fin de laquelle le monde s'achèvera…

Il ne s'agit donc pas d'une simple comptabilité théorique ni mathématique, mais à travers toutes les permutations possibles de ces syllabes dont la révélation exhaustive ne peut être postulée qu'à la fin des temps, une éthique de vie et d'être dans le monde, d'en prend acte et d'en répondre.

Et le temps révolu, les conditions de vie et l'étendue de leurs enseignements diversifiés et modernisés selon les exigences de nos temps, l'un des novices a eu cette formidable idée de faciliter la tâche quotidienne de leurs collègues, instruit qu'il est de l'existence des puissantes machines à

+calculer, et a voulu l'acquérir avec l'assistance des hommes blancs qu'il a contactés à Silicon Valley, et leur demandé la construction d'une machine à tel but; quand les techniciens l'ont fini à fabriquer, sont venus à Tibet pour l'installer et faire fonctionner; leur tâche finie, voulurent rentrer aux USA.

La machine installée allant faire son affaire de permutation d'une rapidité et d'une exactitude qui surprirent même les érudits les plus difficiles dans l'exigence d'une vie éthique et adonnée à l'incantation réfléchissante et remémorisante comme un opus magnum encyclopédiant la vie du monde, ici-bas,

+a fini sa tâche avant même que les techniciens américains, le soir descendu sur la piste, n'eussent monté à leur avion; et quelques-uns remarquèrent regardant au ciel noirci, la disparition l'un après l'autre des étoiles qu'ils connurent pourtant bien, et Dieu annulant son œuvre achevée!

 

(Compte rendu, augmenté et détaillé d’un passage de « Crime Parfait » -« L’écriture automatique du monde »- de Jean Baudrillard, rapportant une conte d’Arthur Clarke.)

 

Tr. Çev. « Kusursuz Cinayet », ss. 38-39.

Hiç yorum yok:

Yorum Gönder