21.09.2016

Orphée Noir


Orphée Noir

Ou “Trois Fois la Même Chose

 

Deux propositions complémentaires concernant Dieu et Daemon (ou la force daemonique en générale):

Propositions conjonctives :

1-   Le Satan est un ancien Dieu dont la force est (lui)  reconnue par le Nouveau

(Gücü yeni Tanrı tarafından da kabul edilen eski Tanrıya şeytan denir)

2-   Satan est un Dieu dont la force lui est dérobée par vicariat du Nouveau (Dieu)

(Gücünü vekâleten de olsa yeni Tanrı'ya kaptıran Tanrı'ya şeytan denir)

 

Dans les deux cas, il y a un rapport d’antériorité et de postérité qui n’abolit acunement une simultanaité: Une question de vicariat (rapport de halef / selef), difficile à démonter ou à démontrer…

Il s’agit d’une reconnaissance d’une force et son dérobade… Une force à la fois reconnue et dérobée, escamotée, volée, assimilée, gardée tout en l’abolissant, la supprimant… Un travail d’AufhebungAufhebungarbeit

C’est la raison pour laquelle ces propositions respectives sont à la fois conjonctives et disjonctives: Il convient de les apeller les propositions conjonctives-disjonctives.

Mais elles sont encore trop générales, trop universelles… Il faut les exemplifier, les démonter et les démontrer…

*

1- L’exemple du Mythe grec:

La force de l'Orphée Noire lui est dérobée d'abord par Athéna Noire

à qui la force est destituée du coup (immédiatement) par Athène l'Olympique apollonienne

 

Et c’est le vieux problème de la « généalogie  des dieux »…

Il y a une généalogie des dieux et des déesses qui nous incombe de penser comme la nôtre: et la Métempsychose et l'Immigration, surtout l'Asile.

Serrons encore de plus près l’analyse (démontage) :

Étymologiquement « Orphée Noir » serait donc un pléonasme : « L’Obscur / le Noir »...

D’où vient le nom « Orpheus » ?

« Noir, un nom mystérieux: Ribhus, le poète et le chanteur en Sanscrit; Orphnos, adjectif Grec obscur: Dionysos nocturne, dieu infernal » (Brunel 1994)

Enfin c’est le titre d’une préface à l’Anthologie de la poésie nègre en langue française de Jean-Paul Sartre… « Orphée Noir »

Belle « trouvaille » de Sartre:

Orphée Noir / Schwarzer Orpheus / Black Orpheus:

"Même si le titre semble répéter trois fois la même chose..."

 

Comme Hermès le Trismégiste, d’ailleurs… Trois fois nés, en au moins Trois Langues… et ô dans combien cultures…

C’est la Métempsychose et la passation de pouvoir, de « force » (force légitime et divine : la violence nécessaire : Gewalt !)

En sommes, Sartre semble suggérer ceci :

Translatio imperii: Poésie incarnée par la figure d’Orphée, après un long parcours, de son origine supposée barbare, de la Thrace ancienne, via Athènes, le Rome, le Moyen Âge, la Renaissance et les siècles des Temps Modernes (y compris les avant-gardes) est arrivée (a retrouvé son site, sa source, son tourment) en l’Afrique Noire, Nègre…

Voilà un affaire, un travail d’élaboration, de traduction, secondaire ou nième (ô combien !...), mais impérieux !... Dominant les règnes et les siècles…

 

2-   L’exemple de l’Afrique :

 

J.-P. Sartre: (citation de l’Orphée Noir)

"A chaque époque sa poésie!

Circonstances de l’histoire élisent une nation,

 une Race (ein Geschlecht ! bir dil, bir soy, bir boy),

 une classe

 pour reprendre le flambeau,

 en créant des Situations

qui ne peuvent s’exprimer ou se dépasser que par la Poésie »

Que par la Poésie,

    que par la Création des Divins, des divinités, mêmes séculaires… (Ajouterions-nous)

Il s’agit d’un crible, d’une élection et d’une sélection entre les nations (ô combien !...)

Une sorte d’affiliation des affinités : Affinités Sélectives !... (Goethe)

Qu’en est-il de sa logique ? La logique de la Situation ?

Créer des Situations de telle sorte qu’il n’y ait qu’une sortie de secours, une voix et une voie pour le Salut (béné-dictio)… Une voix qui défierait toutes les autres voix : Une voix impérieuse, apocalyptique, préparant les fins des temps.

Voilà l’exile ! (c’est encore plus forte comme Situation que l’immigration volontaire quelconque, économique, etc.  Et c’est tout au-delà des « affinités associatives » ou des « influences » entre les Races, langues, cultures (de Finitude) qui sont elles-aussi autrement imperiueses. Mais, il y a un au-delà de plus ! AUTRE CHOSE !

CİTONS impérieusement Sartre :

"Cet exil ancestral des corps [à proprement parler, dans l’exemple des Nègres : c’est l’esclavage historique et historial : Geschechen, événement, Geschictlichkeit, Destination, Envoie, Destin, ajouterons-nous à partir de Heidegger] figure l’AUTRE EXİL:

Âme noire

est une Afrique

[ce n’est pas seulement un Continent parmi d’autres, comme une région géographique, mais un Hinterland, un Ur-Erde, un Um-Welt, le « monde phénoménologique », le monde des esprits, et même, à plus forte raison : le « Champs d’Existence d’Autrui » au sens où Sartre a su donner à ce concept fort de la phénoménologie d’Intersubjectivité –quoque ce soit un sens plutôt négatif et irréductiblement phénoménologique, donc non-négligeable],

dont le nègre est exilé

au milieu des froids buildings, de la culture et de la technique blanches.

La négritude toute présente et dérobée le hante, le frôle

(..) comme son enfance,

[« epaisse mémoire des choses » et des personnes, des divins, des esprits des ancêtres, des Athéna Noirs, toujours avec son adjectif grec –Esma-ul Husna- «SCEPTOMENA », VOYANTE, OBSERVANTE, ET MÊME PLUS TOUCHANT AU FOND, A FLEUR DE PEAU, etc.]

comme son enfance ensevelie, trahie,

et l’enfance de sa Race

et l’appel de la terre,

comme le fourmillement des instincts

[accent mis plus sur « la nature » que le « Champs d’Existence d’Autrui » ; donc, ajouterons-nous aux « instints » les « insectes » aussi, pour compléter la conjonction de la pro-position, anté-Setzung]

et l’indivisible simplicité de la Nature,

comme le Pur Legs de ses ancêtres:

La négritude palpite, tout éployée à travers lui

comme sa profonde mémoire et son exigence la plus haute"...

Epaisse mémoire des choses (encore une fois) et

le Pur Legs des ancêtres... »

(fin de citation)

Son la-plus-haute-exigence ! (donc la dimension de future, de future antérieur, collapse dans le laps du temps : rétention et pro-tension)…

C’est en ruinant systématiquement l’acquis européen (comme la poésie des Temps Modernes, et les Avant-gardes en ont déjà commencé)…

 Cette démolition en l’esprit

symbolise (chez Sartre) « grande prise d’armes future par quoi les Noirs détruiront leurs chaînes »

Voilà le sens de poétiser (dichten) en temps de détresse… (Hölderlin)

Figure d’Eurydice pour Orphée : c’est l’impossibilité de saisir, de « Retrouver » et de « Ramener » l’Afrique perdue et devenue insaisissable...

 

Voilà l’arrivé de (c’est nous qui poétisons à notre tours après Hegel, Heidegger et Sartre)

Nouvel habitant de Hadès,

nouveau Dieu use et usurpe les pouvoirs

 et le Pur Legs de Daemon

 devenu dès lors Insaisissable

Sauf son Ersatz!

 

Voilà Une Vision d'Afrique, (plus frappante encore que la Grèce Antique, et pour la mieux comprendre –démonter- rétro-spectivement)

Une Idée ("inexponible" de la Raison, pour parler comme Kant, concernant les « Idées Esthétiques »)

qu’en ont proposée les poètes de la Négritude

et ses pères spirituels,

de Frobenius à Senghor…

 

via Raymond Roussel, "Impressions d'Afrique"...

And "Orphée Noir" (Orfeu Negro, 1959)

film made in Brazil by French director

Marcel Camus!..

 

Dans une scène de ce film, Orphée dit à Eurypide morte :

"Thank you Eurypide!

The path that you chose is full of flowers"

via "Notre-Dame des Fleurs":

Çayırların Meryem Anası (divine, assimilée aux près)

(an another asylium Fée,

ou Santa Fée,

sürgüne gönderilmişTımarhane Cadısı)

Voilà, « trois fois la même chose »…

 

 

Hiç yorum yok:

Yorum Gönder