2.10.2020

Moine que Rien

 

Moine que Rien

 

À quoi ressembleraient nos vies respectives, prises non pas l'une par rapport à l'autre, au niveau seul sociale, familiale, statutaire, etc., comparatif, mais dans ses potentialités, si nous l'avions osée de passer chaque jour dans une ouverture et sensibilité toujours en éveille à-venir?

 

J'ai des réserves pour le mot ou concept "potentialité" (trop chargé en présupposés aristotéliciennes).

Et ce n'est pas tout à fait une révision et actualisation des célèbres questions, du genre:

"que puis-je savoir aujourd'hui?

que dois-je faire?

que puis-je espérer aujourd'hui du demain?"

 

Non. Et ce n'est pas non plus sans rapport avec ces immenses doctrines principielles, qui nous prêtent encore aujourd'hui non pas seules ses lexiques, mais leur cheminement (de l'origine principielle au telos), leur "praxis". Mais s'essayer dans la chance d'une Stimmung, sans détermination.

 

Oui, avec une grande affliction et inconsolable inquiétude, que je suis au courant des limites et des déterminations qu'on peut facilement se délecter et se faire subordonner secrètement au nom du capitalisme dans toutes ses formes éthérées, et qui ne laissent pas un dehors et étendre ses impératifs,

 

et que la philosophie n'a pas son propre commencement originaire et ses paroles, soit se réfèrent-elles au logos (au premier commencement), sinon ne s'articulent pas, se ressourcent d'une clivage ou d'une déchirure immémoriale qui n'est que elle-même et son expression privilégiée, se diffère.

 

Revenons á ce sentiment vitale d'une Stimmung, de se faire affecter par son propre expérience qui consisterait avoir peur par ex cathedra, et en même temps la pensée de la peur, et ceci sans subir une représentation ou un artifice  technique, mais par une technique de soi, un examen:

 

L'homme n'est peut-être pas ce á quoi on songe á premier instant; il est aussi et avant tout, le maître du peur, son commencement, sa surmontée et sa continuation verbiage; mais toujours atténué, par un schème d'horreur; ce qu'il fallait pas du regret du non repenti, et la torture!

 

J'engage peut-être au non repenti de la parole, par un secret littéraire, comme droit reconnu, et non pas le talion; mais une  nécessaire auto-fidélité, graciée; mais je n'engage absolument pas á l'acte qui ne se retrouve une parole de repenti, ne serait-ce que faussement poétique!

 

Entre tant des inconvénients du temps, l'irréversibilité, seule preuve d'ailleurs de son existence prouve du même tenant, mais á l'envers, qu'il n'est rien et il y a une règne frissonnante de l'espace, qui est d'une impassibilité et d'une indifférence toujours plus fortes et impérieuses.

 

Mais cette inconvenance qu'est l'irréversibilité, l'autre nom du temps, a aussi une avantage, quoique  mitigée; car elle est seule chose que nous pouvons posséder comme notre propre bien (ou mal, notre part maudit), et personne ne peut nous la voler, alors que l'espace, c'est l'envers.

 

Effectivement personne ne peut voler notre passé, nos souvenirs, car ils sont inexistants, alors que le premier venu peut annexer notre territoire, nous réduire le corps á une cellule dont les dimensions sont identiques á notre corps que le temps mordre et corrompe, et nous envahir le présent.

 

C'est donc dans ce malheureux présent que le temps peut toucher l'espace; il l'effleure seulement, sans s'y pouvoir loger ni quitter en vrac, car il n'a d'autre demeure que ce corps vivant, délivré à la merci de l'espace, à ses ouvertures faussement accueillantes, hostiles et impérieuses.

 

Alors que le meilleurs et sûre garderie pour les spectres est le temps, ils hantent l'espace, c'est leur manière à eux de parler ou de venger; l'espace est sourd et impassible, soumis aux lois de gravitation et à quelques efforts physiques, le temps jouant une musique sourdine et à peine audible.

 

Trêve de philosopher en vaine; ce jour-ci le moine du monde ici-bas, dans sa retraite pénitentiaire, indifférent par principe d'étude au cours du monde, avait choisi à volontiers ou par insigne habitude, la côté ville de l'île, scène scintillante de visions obscènes pour intensifier sa jeûne.

 

Pénitence ontologique suppléée par les circonstances non éludée d’un crime innommable lui avait couté, qua tout espoir d'évêque, une paroisse & une horde d'acoulothons, mais fourni un parloir á ses dimensions, interdit de parole, encensait des répétitions et des images d'une ecclésia révolue.

 

Disparité des images lui a paru vite superflue, une aimance empédocléenne les réunissaient, et une configuration décelait l'autre; la décomposition se faisait d'elle-même au cours de la méditation, un novice dédaignait l'apparatus et l'autre resplendissait dans la transparence de tempera…

 

Tout avisé du péché frôlant dans la proximité lointaine, piqué d'une fissure rayant le ciel Moine se fut dressé de son lit de lierre impeccable, accompagné du lion assagi s'allongea de nouveau le littoral, pour une nouvelle anabasis de sa permanence promptement rompue d'un vers de soir :

 

Si pointue que soit ta force

Dans le toucher du soleil

Je te vaincrai d'une corde

Dans des zones éparpillées

Saches que mon corps mi

Tiraillé mi conquis, mi

Envahi, mi enchanté de

Ton ombre fade,

Je te vaincrai d'un jour ajourné

De tes ficelles aveugles

Rends-moi maintenant la Paix

 

Ces paroles survenues d'où elles sont submergées dans les souvenirs des jours juvéniles, n'étaient que duplicata retors du célèbre dicton "je maintiendrai"; la Paix surement a reconquis l'espace, Moine soupirant a vu un merlot sur un berlingot effrayant les mauvais augures du soir.

 

Moine pernicieux de ses propres souvenirs, participait à une orgie de mots dont la seule metexien possible était de les avoir déjà captés, comme une maladie pernicieuse, qui est seule capable de le rendres un survivant parmi les survivants d'une naufrage intime, mais dans le lointaine passé ornementant l’espace…



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