8.05.2024

L'épilogue

 

L’épilogue

 7-8 mai 2024

Lettre à un.e ami.e français.e

(Brief für Augenbezeugung)

Chèr.e. ami.e,

I

J'espère que tu vas bien. Je voudrais te demander si tu auras la possibilité de faire la rédaction de mon roman (intitulé « Aux Yeux d'Autrui » ; et je cherche également (gleich) un traducteur pour la langue allemande, qui a une partie lié avec mon projet polyglotte; et ainsi (gleich), le traducteur anglais, dans le futur,  aura devant ses yeux ces deux langues –« les yeux de la langue » ; une place privilégiée et confortable, au lieu duquel  je m’aurai beaucoup plu de me voir être substitué, pour avoir enfin une vue d’ensemble, par un Tiers qui me surplomberait –c’est d’ailleurs le thème et le vœux du roman, certes expérimental et sans autre véritable  « sujet » que d’envier cette place au sommet triangulaire –chair vacante). Tels sont mes « vœux » : Ex-voto.

Dans notre époque, il y a plusieurs moyens d'assistance et de correcteurs de fautes, mais si tu t'y intéresses, ce que j'attendrais de toi, ce serait plutôt un simple avis esthétique.

Dans le roman, comme style, je suis délibérément artificiel, pédant, maniériste, rhétoriqueur, surréaliste, anachronique, suggestif, faussement confuse, c'est un peu "Bouvard et Pécuchet" à Flaubert, « Cosmologie » à Michel Leiris, etc. Finalement, il s'agit plutôt d'un poème-en-prose (je n'aime pas trop les romans standards, comme tu me connais).

Dans un mois, j'ai écrit 110 pages (je suis au "neuvième discourir », je pense à clore ma coffre à bijoux, cet écrin tombal, avec 12 chapitres en totale, douze étages sonores); en augmentant le volume, j'ai peur de perdre de la vitesse d’ironie, et de faire disparaître, du coup, mon style "bizarre", polyglotte qui fait du livre, en fait, mieux qu’un roman, un "objet de curiosité sonore", une "fête phonétique de bavardage, ou un cri retenu mais vain", (das Gerede ; flactus vocis pensif), « une pédanterie post-moderne allocutaire, qui ne décide de rien », « propre à mettre en scène au Palais du Chaillot », mais d'un style quand-même "épistolaire" et sombre -très XVIIIème, très Diderot, très Salon, très raisonné, très puérile, donc « très université américaine », sied aux départements de littérature comparée en langue française, comme langue « apprise » et non naturelle (« seconde nature »), et qui mérite et exige de très bons metteurs-en-scène, surtout des architectes sonores, soit pour les exercices scolaires, soit dans les cérémonies (de grandes pompes) de clôture des grands symposiums scientifiques… Des choses faisables, sans but lucratif, pour les bienfaiteurs et les autres.

Si je suis en bonne voie, dis-moi le, je peux augmenter le volume, et en faire un monument illisible mais à visiter, à se prosterner aux lisières, à aduler avant de lire, à rester à l’écart, devant sa « porte étroite », abroutis, hébété; mais il faut que j’économise de  « vie d’esprit », d’être économe dans mes dépenses ; car mon autre projet agonisant de "Wake" (La Veillé) s'attend en parallèle, aux sous-sols, aux soubassement, au tabernacle, sans devenir retable, dytiques ou triptyque…

D'ailleurs, ce sont mes vidéos sur YouTube, depuis 2016, qui ont accéléré ou propulsé cette rédaction imprévue: Un mouvement de débordement rétroactive (sans compter celui de radioactif –le mien, curatif), accompagné d’une ivresse mélancolique et carnavalesque, là où il n'y a pourtant que de la frustration et de l’enfermement « cavernesque » depuis millénaire.

Donc, imagines-tu, comme s’il s’agissait d’un "Décaméron" à Boccace, ou des "Milles-et-une Nuit", où Shéhérazade se volatilise en élément de parole écrite (ou dans une école talmudique, se subtilise un élève with-out sub-titles, info tombant, en plein milieu d’un haut rassemblement (Verslammung tant attendu dans le roman –avec ses effets d’écart et de différer) d’enseignement pour les déjà initie.es), à la merci de l’auteur et de son choix de dé-clore (ou décorer des médailles, des grandes effigies presqu’effacées, mais encore lisibles et reconnaissables) l’histoire, en la courbant, bifurquant, et en se culbutant soi-même, comme pour des soins (motifs) intensifs…

C’est du coup de théâtre, et épistolaire, donc facile à produire sur la scène en mettant un simple écran, comme accessoire, qui sépare (comme dans un cabinet de confession baroque, un « paravent » –dont la fonction n’est même, gleich, même révolue ou dévolue, que celle du Mur de Lamentation à Jérusalem, et qui, ici, ne fait que parler), au milieu de deux personnages de sexe opposé, mais comme d(i)e même, Gleiche.

D'ailleurs en langue turque, j'avais écrit un gros ouvrage poétique, inédit, et intitulé "Mille-et-un Nœuds (Knots), donc je me suis exercé, mais ce dont il faut s’absoudre ou apprendre à vivre-avec, c’est celui-ci maintenant.

II

Imagines-tu, ou le réalises-tu, que tu es, ou devient ce « Tiers », le premier et le plus privilégié des témoins, car, ne pouvant pas résister à une tentation imperceptible mais insinuante, je t’ai introduit ou initié  au « dixième discourir », et dans lequel, notre « Shéhérazade » qui  aurait eu suivi par  la voie contemporaine de « conférence à distance » le « neuvième » et le plus long « discourir » du conférencier (A), qui se trouvait à Dubaï, et recevait publiquement une étrange information concernant sa fille et son fiancé disparu dans un consulat à Istanbul, lui-aussi aurait été disparu au retour de Dubaï, car le « neuvième » est sa dernière apparition publique, sauf  le supplément par voie épistolaire à propos de sa propre conférence, comme un complément conclusif s’envoie et se publie en différé, alors qu’elle, Shéhérazade, écrit une dernière lettre d’une singularité à la fois très ou même trop normale, familière (formellement, une adéquation absolue à la forme et au concept de « lettre »), et étrange dans son contenu, car c’est une non-réponse, une non-réaction à ce longue propos d’A; disons-nous que nous avons, dès le début, l’habitude de ses non-réponses, et ce respectivement, mais elle nous révèle (comme dans l’enlèvement supposé d’élève talmudique) ses amies, ses connaissances de longues dates, donne les dernières nouvelles de son proche entourage, mais qui nous laisse perplexe sur sa véritable identité dans l’espace et du temps, car elle a l’air décalée, intempestive, un peu folle, soit; est-elle devenue plus folle qu’elle n’était ?est-ce que cette non-réponse pourrait être une réponse fictive ou décalé ?

En quoi connaissons-nous une non-réponse ? Au silence ? Elle est abondante a la parole, elle donne des détails, même non-nécessaire, elle est minutieuse ; elle veut nous convaincre ; mais sur quoi ? Quel est l’objet cette lettre ? Se faire connaître avec tout son entourage. Mais elle semble vivre et parler dans une Belle Époque, avant la Grande Guerre, entre deux guerres, avec un accent poussé de Montmartre. Les noms propres ou les pseudonymes de ces dames et des demoiselles, et d’un seul ripou, fictifs ou réels, que veut dire à nous, à A, et à moi ? Crois-moi, moi non plus je ne savais la réponse à ces questions (imparfait ; donc, j’ai des hypo-thèses qui s’insinuent, s’infiltrent ou se bloquent) jusqu’à relire ce que j’avais écrit en temps différé, décalé par la bouche de B, ses folles descriptions trop familiales (hésitation et oscillation voulue entre un « vous » et « tu » était maintenue tout au longue des correspondances); maintenant, chez moi, moi-aussi je suis comme l’un de ces pères, pas encore défunt, non pas momifié et mise en un sarcophage, en geôle, en tôle, coffre, en écrin, tonneau troué, mais juste un aîné, l’un des vôtres, dont « la vie d’esprit » affaiblie, et qui apprend en derniers ce qui se passe à la maison, sous mon propre Toit, sous le Toit, au faîte de mon architecture sonore à moi.

Qui es-tu Shéhérazade ? Es-tu Madame de Maintenant ou une Propriatrice (sous-tenancière du Tiers, comme témoin) (eigene, augen, Eigentum, Ereignis –« approriement »[1] of Last ou Lost God –dont nous sommes ex-approprié), qui maintient et supporte tant de dames (à licorne ou sans licorne ; le cerf ou le champ de chasse, etc.) et des filles (Coré), ou « une simple singularité quelconque », une « telle », un « tode ti », immontrable, subtilisée, volatilisée, comme Icare, au vol du père ?

Et quelle est la différence ou ta différence? Ou plus précisément, la différance qui te m’a révélée comme une confuse et composée révélation (le jour où j’ai commencé à écrire à toi seule, par une irrésistible propulsion interrogatoire), ou comme (gleich) dans le cas, non éludé encore, d’enlèvement d’élève talmudique ou invariablement coranique (dont il ne connaît –ne connaissait- pas les mystères ; il n’en connaîtra peut-être jamais) dont il fait –faisait- partie, sériellement –et c’est là, la question, de son objet d’étude, comme d’ailleurs, chacun de nous, séparément, devons-nous en faire partie sans même un rassemblement véritable sur un sol(len) qui serait promis ; comme ce qui se passe maintenant, du livre, (comme un passe-partout à commenter, et non seulement à nous le recommander à sec, de ce livre que je suis en train d’écrire et de lire, à relire surtout : comme un cas singulier d’Ereignis, qui devrait être toujours singulier), c’est-à-dire, sous le Toit, et la Loi du genre, du sexe, de la famille, incorporée ou introjectée…Comme un Tiers-exclus.

Et quelle était la différence ? Est-ce ça importe pour vous ? « Ça », l’intrigue ou le drame en question…Anschlag, par une faute de frappe fautive, et peut-être l’incorrigible.

Avec ma singulière sincérité…

 



[1] Comme on dit dans les traductions en français d’Ereignis (le mot et le concept allemand, au sens courant, voulant dire “événement”).

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