14.11.2020

L’écriture comme trace et l’automatisme

 

L’écriture comme trace et l’automatisme

 

Donc[1] indépendamment de ce qui serait vécu dans un présent passé et son ressouvenir mécanique ou partial/ impartial (anamnèse naïve) qui n'a d'autre importance que pré-texte et signes, Freud aurait découvert "sa" ré-écriture comme travail secondaire qui tient lieu du primaire, en la présence!

 

Si Derrida, avec tant de prudence théorique faisait l'allusion á la seconde formulation de la topologie de l'inconscient de Freud, quand il énumère (cf. "La Différance") les précédents du concept de "trace", il y entend "une présence qui n'a jamais été présente et ne sera peut-être jamais"- Levinas

 

Il est rare ceux qui peuvent y voir une possibilité du salut séculaire, libéré de ses liens, topois, nomois; un recommencement bourgeois, enfin libéré du propre, une plaine ou planeur d'immanence: se faire "comme si" de la loi, incognoscible et pourtant contraignante, immense Révolution de Kant!

 

Quel bizarre calvinisme, en neutralisant l'intervention immédiate du Dieu, en le mettant sous la Croix invisible, ouvrir un champ de liberté contraignante, moraliste et réflexive, directeur de conscience, qui est le contre-balancier du jus jouissif, ius iurandum, serment et vœux pieux!...

 

Un malentendu irrémissible dont la ”droite" imagine qu'on a conservé le contenu à l'échange de la forme, et la "gauche" imagine que le contenu qui fût toujours imaginaire et disparaissant, a laissé comme tâche insurmontable la forme, comme l'obstacle: deux formes de l'idéalisme hégélien!

 

*

 

L'homme n'est peut-être vraiment pas capable, ni de se défaire ni de se dédire dans ce qu'il est, mais seulement de se médire, qui se défait aussitôt ou plus tard dans ce qu'il dit au dédire du méfait du simple dire. Passablement, l'homme est oublieux dans l'urgence du dire qui s'oublie.

 

L'appel de la conscience morale et son très mauvais caractère d'appel insigne, sourde, assourdissant dont l'anonymat chaque fois parlant de la bouche d'un Être-là, qui ne conçoit ni l'appel ni ce pourquoi il est là à ce moment, et quelle mécréance d'y être seulement le spectateur insigne!

 

Et un Dieu spectateur, un être raisonnable et impartial (Kant), et pourtant que d'ennui et de faste néfaste du passetemps dans la publicité d'être qu'est le broyeur du temps, du même cyclique, automatisé sous le régime de l'éternelle ritournelle, sans tête ni queue, qui "voudrait dire", sans fi.

 

Que l'anamnèse lui en fasse défaut, que l'usage dit que le visage ne se souvient qu'ainsi à même du paysage, brisé mais réaffirmé par le retournement de la réflexivité dont le point culminant est celui-là facticement dans l'ustensilité de l'ouï-dire, horrible survivant, forçage de Loi.

 

Comme dit Nietzsche[2], après Kant qui chercha un usage en besogne à la raison, comme une bête en traite; l'esprit, la raison, étrangers à la nature, quittera peut-être le monde pour laisser place à un automatisme à l'aune des "instincts animaux"; telle triste fin de l'Histoire, tant attendue!

 

Que nous écrivions sans servir à l'automatisme de l'ouï-dire et des ententes toujours tacites des voyeurismes aveugles, qu'une matinée soit promise à des prières du crépuscule avant l'incendie de médires sourdes, où séquencent les apparatus-disparatus, tous compris, sans cénacle!

 

 



[1] "Dolayısıyla benim teorimde esasen yeni olan şey hafızanın yalnızca bir değil birden fazla kez mevcudiyete gelişi, her seferinde çeşitli türden göstergelerle ortaya konuluşu tezidir." (Freud, Lettre à Fliss; Freud'un Fliess'e 52 numaralı mektubu, 6 Aralık 1896, @saahinates)

[2] La Volonté de Puissance,  §. 263: “système nerveux  possède un domaine beaucoup plus étendu: le monde de la conscience  est surajouté (…) joue le deuxième rôle, indifférente presque, superflue, destinée peut-être à disparaître et faire place à un automatisme complet…”

Hiç yorum yok:

Yorum Gönder