L’écriture comme trace et l’automatisme
Donc[1] indépendamment
de ce qui serait vécu dans un présent passé et son ressouvenir mécanique ou
partial/ impartial (anamnèse naïve) qui n'a d'autre importance que pré-texte et
signes, Freud aurait découvert "sa" ré-écriture comme travail
secondaire qui tient lieu du primaire, en la présence!
Si Derrida, avec
tant de prudence théorique faisait l'allusion á la seconde formulation de la
topologie de l'inconscient de Freud, quand il énumère (cf. "La Différance")
les précédents du concept de "trace", il y entend "une présence
qui n'a jamais été présente et ne sera peut-être jamais"- Levinas
Il est rare ceux
qui peuvent y voir une possibilité du salut séculaire, libéré de ses liens, topois, nomois; un recommencement
bourgeois, enfin libéré du propre, une plaine ou planeur d'immanence: se faire
"comme si" de la loi,
incognoscible et pourtant contraignante, immense Révolution de Kant!
Quel bizarre
calvinisme, en neutralisant l'intervention immédiate du Dieu, en le mettant
sous la Croix invisible, ouvrir un champ de liberté contraignante, moraliste et
réflexive, directeur de conscience, qui est le contre-balancier du jus jouissif,
ius iurandum, serment et vœux
pieux!...
Un malentendu
irrémissible dont la ”droite" imagine qu'on a conservé le contenu à
l'échange de la forme, et la "gauche" imagine que le contenu qui fût
toujours imaginaire et disparaissant, a laissé comme tâche insurmontable la
forme, comme l'obstacle: deux formes de l'idéalisme hégélien!
*
L'homme n'est
peut-être vraiment pas capable, ni de se défaire ni de se dédire dans ce qu'il
est, mais seulement de se médire, qui se défait aussitôt ou plus tard dans ce
qu'il dit au dédire du méfait du simple dire. Passablement, l'homme est
oublieux dans l'urgence du dire qui s'oublie.
L'appel de la conscience morale et son très
mauvais caractère d'appel insigne, sourde, assourdissant dont l'anonymat chaque
fois parlant de la bouche d'un Être-là,
qui ne conçoit ni l'appel ni ce pourquoi il est là à ce moment, et quelle
mécréance d'y être seulement le spectateur insigne!
Et un Dieu spectateur, un être raisonnable et
impartial (Kant), et pourtant que d'ennui et de faste néfaste du passetemps
dans la publicité d'être qu'est le broyeur du temps, du même cyclique, automatisé
sous le régime de l'éternelle ritournelle, sans tête ni queue, qui
"voudrait dire", sans fi.
Que l'anamnèse
lui en fasse défaut, que l'usage dit que le visage ne se souvient qu'ainsi à
même du paysage, brisé mais réaffirmé par le retournement de la réflexivité
dont le point culminant est celui-là facticement dans l'ustensilité de l'ouï-dire,
horrible survivant, forçage de Loi.
Comme dit
Nietzsche[2], après
Kant qui chercha un usage en besogne à la raison, comme une bête en traite;
l'esprit, la raison, étrangers à la nature, quittera peut-être le monde pour
laisser place à un automatisme à l'aune des "instincts animaux";
telle triste fin de l'Histoire, tant attendue!
Que nous
écrivions sans servir à l'automatisme de l'ouï-dire et des ententes toujours
tacites des voyeurismes aveugles, qu'une matinée soit promise à des prières du
crépuscule avant l'incendie de médires sourdes, où séquencent les
apparatus-disparatus, tous compris, sans cénacle!
[1] "Dolayısıyla benim teorimde esasen yeni olan şey hafızanın yalnızca
bir değil birden fazla kez mevcudiyete gelişi, her seferinde çeşitli türden
göstergelerle ortaya konuluşu tezidir." (Freud, Lettre à Fliss; Freud'un Fliess'e 52 numaralı mektubu, 6 Aralık
1896, @saahinates)
[2] La Volonté de Puissance, §. 263:
“système nerveux possède un domaine
beaucoup plus étendu: le monde de la conscience
est surajouté (…) joue le
deuxième rôle, indifférente presque, superflue, destinée peut-être à
disparaître et faire place à un automatisme
complet…”
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