25.05.2012

"la Voile de Sainte Anne"


"Deux pièces majeures de l'art textile, qui sont aussi deux 'monuments' de l'histoire mondiale de l'art, nous permettent enfin de bien appréhender la fascination que le génie des Fatimides a sans cesse exercée, du Moyen Âge jusqu'à nous. La première est le manteau du roi Roger II de Sicile, qui fut achevé dans les ateliers royaux de Palerme - où persista longtemps la tradition fatimide grâce aux artisans musulmans - en 1133/1134. L'exposition présente une copie de ce manteau (réalisée à Côme grâce à la Fondation Ratti) aujourd'hui conservé à la Weltliche Schatzkammer de Vienne. Pour comprendre le prix que revêt cet habit somptueux pour les Autrichiens, on rappellera qu'il fut le manteau de sacre des empereurs du Saint Empire Germanique. En forme de demi cercle, il est magnifiquement orné, sur un fond rouge, d'une scène brodée en soie et fils d'or représentant, de part et d'autre d'un "Arabe de vie", deux fauves symétriques attaquant un chameau. La bordure inférieure du manteau est brodée d'une inscription coufique en fil d'or, donnant les titres du roi et indiquant le lieu et la date du travail de broderie."



"Le deuxième chef d'oeuvre universel attestant de ce pouvoir de fascination intact  [de l'art fatimide] est le célèbre "voile de sainte Anne", conservé dans le trésor de la cathédrale d'Apt, et présenté ici pour la première fois au public. Sommet absolu de l'art textile, on le considère aujourd'hui comme l'une des plus belles pièces fatimides connues. Une inscription indique qu'il a été réalisé dans le tirâz de Damiette, pour le calife al-Musta'lî, donc vers 1100. Il s'agit en fait d'un manteau, d'une 'abâ' semblable à celle que portent encore aujourd'hui les Saoudiens. En lin d'une extrême finesse, il est brodé au devant de deux bandeaux de tapisserie, et au dos d'une large bande sur laquelle s'inscrivent trois médaillions. Les bandes sont brodées de soie et d'or, tout comme les médaillions portant des motifs figuratifs. Pour représenter avec autant de sûreté et de grâce des oiseaux affrontés et différents personnages, les tisserands ont fait preuve ici d'une technique exceptionnelle et d'un raffinement inégalé. Le manteau fut sans doute rapporté en Occident par un croisé, et peut-être enveloppait-il déjà quelques reliques. Devenu pour les chrétiens un voile porté par la mère de Marie, il fut longtemps placé, roulé en boule, dans un flacon de verre, et présenté chaque année le jour de la sainte Anne. Ce merveilleux chef d'oeuvre est sans conteste un témoin éclatant de l'enchantement fatimide."


Détail de l'Abâ au nom du calife al Musta'lî dit "Voile de Sainte-Anne" Égypte, Damiette, 1096-97
Lin, soie et or
Apt, Collection de l'ancienne cathédrale d'Apt
(par Alain Blottière)





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