AKNOWLEDGMENT
Voilà un vers serait l'équivalent d'"être fils
de son propre progéniture" sous la plume du vrai poète F. H. Dağlarca
(Anday?), "Allahım! bizi
çocuklarımız doğuruyor" (“Que mon Dieu, ce sont nos enfants qui nous
enfantent” -impressionnant précédent connu par moi). Mais A. Artaud fut plus
complet: "Je suis ma mère, mon père et mon fils". Cité
Il ne s'agit pas d'intertextualité ludique: c'est M.
C. Anday qui écrivait "Unuttuklarımız
bizim oluyor" ("Ceux que nous oublions, ça nous
appartient"). Trop fort pour expliquer la mémoire impersonnelle! Mais je
parles de la clairvoyance d'un insomniaque film-maker, d'une destinée sombre
Le problème est que dans cette descente ou déchéance
(et sursis immanquablement donné, destin allègrement accueilli) -drôle et sans
dramatique d'un embuscade, un simple accostage a un auteur, un metteur en
scène, un Narrateur-Dieu qui oublie tout quand le film est cousu: Mais l’image
rappel[1]
Pour vous garantir d'être refusé de toutes les
Mayenne du monde, il faut beaucoup et assidûment, dûment travailler; il faut
devancer, précéder Gutenberg, s'abêtir comme s'habbatise; il faut être un
inlassable, un infatigable Hattat[2]
(Calligraphe et arabesque à Paul Valéry et non pas à Ch. Dior ou Lagerfeld). Ça
arrive!
Continuer à faire son petite anamnèse sale,
s'acheminer vers la fin du boucle qui ne se renferme; ramasser ses petits
cailloux à Roger[3]; se promulguer en digue de
petites prodigues; être satis de
saturé des Samedis; d'être en droiture des droits d'auteur autochtone,
s'imbiber de l'antique goût!
Ce qui manque immanquablement à vous, vous le
manquerez aussi; mais tout serait comme avant, vous ne manquerez rien; et ce
qui manque à vous, manquerez sans manque à chacun; et rien ne serait comme
auparavant; la chose manquée fera son petite sale affaire; et on en finira en
innocence inénarrable
Ce qui me manque personnellement (Dieu merci, pas
encore une grande bouffée d'aire sur le pont de Canal[4], je
dois me dépêcher par manque du temps) et hier par manque, j'ai failli retrouver
ce sous-pont acoustique[5] pour
chanter en chant byzantin[6] à la
tombée du soir[7]; Dieu merci je suis une
bête insolente
Quarantaine en échelons de mérite, émérite de tous
les fioles, des térébenthines; nouvel zézayer des bandes insonores, d'une
instabilité à faire gicler les momies, "ô fantôme vagissant!"
(Baudelaire[8]), écœurant bibliothécaire;
tu m'as tant manqué sous et sur plusieurs ponts à la fois, et ceci en nué[9] sans
pants à Maya !
Voilà une tête, une vraie tête de Turc, un poilu de Ist WW; un invraisemblable spectre des
bla bla; qu'as-tu faire avec ou sans Maïakowsky? Tu n'es pas un Rus blanc, Tu
n'es pas de Crimée; oui, toute Bonnes Œuvres[10]
contiennent des énumérations, des répertorier clandestines des Chants impropres[11]
adulés!
Je te réapprendrai les Nouvelles Lettres en horizon
manquant de mon Domus en nappe; en
Manoir, de toutes bonnes manœuvres; Tu seras en tri-lactée[12], Tu
seras gâté des gâteux; Tu seras de mon Toit[13]; Tu
auras un ascendant et un descendant; On ne se quittera pas, même Illettré, Tu
en auras abondant
Je te énumérerais en rémunération en Solstice d'été,
on va observer les règles de conduite; un Regel
et un ohne Rang[14], et tes quatre
Parerga; Je t'apprendrai Ta Nouvelle Religion, ton Culte, tes Adorés; tes
Affinités Sélectives, tes Manières, tes Maelström streams; et ton Comportement
amélioré, avec un Répertoire, Tu Quitteras
Je ne propose pas, je ne suggère pas, On est en
haute surveillance, en veillée mortuaire (la mienne); Tu songeras à Moi; Je te
dicterai, Tu seras mon Script, un élu; Illettré par préférence et par
prédilection; un favori, un acrostiche, une pale statue parlante; produit
d'image-maker, un Golem, un Pinocchio; un Sancho Senza Futura !
Tu aura ton propre Toison d'Or (Tu n’as guère besoin
d’en chercher autre), tes propres Ex-Voto's; Tu seras ton propre Tisserand; un
Gobeline de rare tissage mais à l’anglais de Early Middle Age –et je
t’indiquerai l’endroit précis; et Je te taillerai sur mesure et Tu gesticuleras
dans tes basques, vasques; Ton Urne, tes Cendres amer à jamais dispersés; c'est
avec tes propres armatures que tu te matureras; ô sans âge de « some
statements of » Mithra!
Ton vide m'étourdie, Tu as cette Kénose tant songée, Tu es débordant de
Rien; D'une vacuité et d'un pâleur de sangsue; Ton passé ne t'appartient; Pas
de labour pour Toi dans ici-bas; Tu es d'une destination autre; un Ange déchu,
inusité, needless; un Ustensile sans usage; un aspect des choses qui feint la
meilleur partie. Un maillon, un haillon...
Je ne remercierai pas verbalement, nos gestes furent
plus harmonieuses que nos paroles (je t’ai appris comment faire un café turque,
mais l’idée de faire du café à la maison, c’est de toi qui est venue –tu
comprendrai plus tard la différence- « aller prendre un café »
c’était une occasion de te faire sortir de la maison,
et de t’exploiter en bonne lumière du jour et de te
tabasser en gesticule –t’apprendre le théâtre et la légèreté, une certaine
libéralité de l’esprit ; on a tant joué avec et en complice, mais
j’enregistrais toujours tout de seul, en trouvant dans ces jours de
« Grand Enfermement » des cages désertées, mais de bonne qualité –par
exp.
Nero de Caddebostan, déserté, m’offrait la scène en
toute intimité), et le moment venu, c’est-à-dire en cette fin de mois de mars
2024, je t’écrirai un « Acknowledgment »
(comme une « Nécrologie » théâtrale en fait, à la manière de J.
Genet), et ceci est déjà fait, en ce moment même de « momento mori », ici maintenant et devant nos spectres. Merci
et Şükran, Mouhammad de Halep.
Laissons enterrer les morts, les uns et les autres. Carpe diem, c'est à nous!
[1] C’est une photo et un enregistrement de vidéo qui datent
du 8 avril 2020 (troisième anniversaire donc) qui me l’a rappelé ce matin
d’ailleurs (“Au bout du quatrième jour que j’ai compris finalement qu’il était
illettré, mais excellent en réseau informatique”, disait-il la voix, en
relatant la coupure obligée en deux de son film, qui coupait la parole aussi,
d’une manière hasardeuse mais non in-significative).
[2] cf. « Kolsuz Bir Hattat”, Ece Ayhan
[3] Roger Callois
[4] D’abord le Canal
Saint-Martin (dans le film d’Arletti, et ensuite en vrac), et ensuite sur le
Pont de Mümin Deresi, à Fikirtepe; cette inoubliable scène où je chante
soudaine en toute retenue
[5] Ce n’est qu’un refuge à
chanter librement sous haut bruit d’auto-route (inspiré de Liza Minelli, “Adieu
Berlin”, la scène de cri à deux)
[6] Cette fois-ci, ce fut à
Samatya (que j’appelle régulièrement “Samoyetçe”), sous un pont ferrovier
[7] Référence explicite à l’enregistrement
d’hier (le 29 mars) où je relatais ma “Bio-bibliographie” (qui est elle-même un
texte précoce de 1982), et je citais mon livre de poésie inédit, intitulé
“Akşam Kitabı” (Le Livre du Soir), écrit régulièrement chaque soir face à la
coupole de Val-de-Grâce (l’église)
[8] Ch. Baudelaire, “Fantôme de
Bibliothèque”
[9] “Nuage”, bien entendu
[10] Bonnes Samaritaines
[11] J’ai eu en connaissance de
chansonnettes obscènes des étudiants de Médecine
[12] Triliçe (pudding avec trois
sortes de lait au Balkans)
[13] Roman expérimental de Ph.
Sollers; et biblique, coranique (Beyt)
[14] Ce fut le titre de l’un de
mes tableaux acryliques à Paris (période de “Vérité en Peinture” –J. Derrida)